Votre boss vous les brise ? L’équipe avec laquelle vous travaillez n’en branle pas une ? Vous allez au boulot tous les matins en trainant les pieds ? Vous rêvez de l’air pur du Kilimandjaro au moment d’appuyer sur le bouton Power de votre machine ? Démissionnez !

Mais comment faire lorsque tout semble aller pour le mieux ?

Cet article est plutôt un billet d’humeur, parce que certains lecteurs me suivent depuis longtemps, et parfois en dehors de ce blog, dans ma vie professionnelle. Loin de moi l’idée de tout transformer en leçon à retenir, ou en article de référence sur « la démission, comment faire ». C’est une expérience personnelle certes, mais peut-être que cela peut faire écho à d’autres personnes… Dans tous les cas il est au moins une réponse à pas mal de questions que j’ai reçues sur Twitter.

J’ai dû prendre une décision assez désagréable récemment, que pourtant beaucoup de personnes prennent comme une libération : j’ai démissionné.

Tu as quoi ⁈

En poste chez Alsacréations en tant que Chef de projet technique, Développeur Front-end et Développeur WordPress depuis maintenant 5 ans, j’ai pris la folle décision de changer de navire. Pourtant le cap était bon, l’équipage efficace et passionné. Mais pour comprendre ce geste mûrement réfléchi, je vais peut-être vous expliquer le contexte.

Petite parenthèse avant tout : je pensais nommer cet article « Pourquoi j’ai quitté Alsacréations », ou « Pourquoi j’ai rejoint la Team Rocket », mais ça me semblait faussé dans les deux cas. Je vous laisse lire la suite pour comprendre. L’article a été réécrit au moins 3 fois en entier.

Retour en arrière

J’ai pas mal galéré à mes débuts pour trouver un boulot. Mauvaise formation, mauvaise orientation, aucune vraie expérience dans le domaine du web, et seulement quelques missions pour les potes et la famille. Puis j’ai trouvé une formation diplômante en 2009 sur Metz alors que j’habite à ce moment sur Amiens et que ma famille est éclatée dans le Nord et le Sud de la France.
Tant pis, j’ose tenter l’expérience !

Encore jeune matelot en 2009, ma formation professionnelle (au sein de l’AFPA) ne m’aura pas appris grand chose dans le domaine du web, mais bien plus humainement. En fin de formation, une période de stage en entreprise était prévue. Après discussion avec une amie, elle me motiva à tenter une candidature chez Alsacréations, chose que nos formateurs nous avaient découragé à faire : « Ils ne prennent jamais de stagiaire, ce n’est pas la peine. En plus c’est du haut niveau chez eux. ».
Mais à ce moment, rien à perdre, j’ai osé une candidature.

Alsacréations m’ouvre ses portes en tant que stagiaire : c’est alors la première fois qu’une société me fait confiance malgré le peu d’expérience « officielle » que j’ai dans le domaine du Web. Après 2 mois de forte montée en compétences, c’est la fin du stage. Mes formateurs ont d’ailleurs été heureux d’aller à la rencontre de mon responsable de stage, ils ne connaissaient pas Alsacréations de près… Bref.

Je passe alors l’examen de ma formation haut la main, tout en sachant que la suite pouvait se faire avec un CDD chez Alsacréations. La chance ! Seule contrainte : toutes mes affaires personnelles sont à 780 Km de là, et je dois passer en plus de Metz à Strasbourg sans logement… complicated, mais j’ai osé et ne me suis pas limité géographiquement (je ne l’ai jamais fait en fait), et heureusement on m’a aidé. (elle se reconnaîtra ;p)

La confiance règne au sein de l’équipe, les missions accomplies s’enchaînent, on bosse bien ensemble. Alsacréations me propose alors un CDI, mon tout premier… c’est l’émotion. (si si vraiment)
Niveau logement je vis à ce moment dans une chambre de 13 m² à Strasbourg, mais le CDI me permet de voir rapidement mieux, je prends un studio… 20 m² attention ! (oui c’est cher Strasbourg)

Tout au long de notre voyage ensemble, mes boss et même l’équipe au complet m’ont appris énormément notamment durant mes débuts : échanges d’astuces de pro en CSS, JS, HTML ou accessibilité ; travail sur des réponses clients, au début on ose pas…
Après quelques mois à plonger dans les habitudes et l’ambiance de l’équipe, j’ai rapidement pris mes marques et commencé à prendre des initiatives, proposer des outils ou des méthodes, et attaquer des contrats un peu plus au niveau de la qualité de notre code.
Bref, je n’ai jamais hésité à me jeter à l’eau, à oser, et quand le doute m’habitait, je demandais l’aval du capitaine du navire. Un vrai travail d’équipe finalement.

Après quelques années, les optimisations et notre travail d’équipe ont porté leurs fruits, et l’équipage s’est même agrandi au fur et à mesure du voyage. (non non, pas de naissance, on a recruté, déconnez pas quand même)
Cependant, qui dit équipage plus conséquent, dit également risques plus grands à la moindre décision prise sur le navire.

Hissez les voiles et laissons le vent nous porter !
— le Capitaine

Oui mais voilà, quand il n’y a plus de vent, on rame…

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« Continuons comme ça, ça marche »

Durant cette phase paisible où tu as, certains jours, l’impression de jouer au mikado (le premier qui bouge les autres a perdu), les initiatives et innovations se perdent dans la peur de prendre des risques, parfois au risque (justement) de laisser la part belle à l’ennuie. L’avantage c’est que si tu ne prends pas de risque, tu ne mets pas en danger l’équipe. C’est une bonne position pour qui joue la carte de la sécurité.

Nous sommes, petit à petit, rentrés dans un cercle vicieux où nous prenions de moins en moins de temps pour effectuer notre veille (ce pour quoi Alsacréations est pourtant connue), alors remplacée par des missions pour nos clients où nous prenions également de moins en moins de temps pour promouvoir l’accessibilité, alors que l’équipe de 9 personnes compte quand même 2 experts AccessiWeb.

Puis un jour je me suis posé cette question étrange :

Est-ce que tu as l’impression d’avoir fait quelque chose de bien aujourd’hui durant ta journée de travail ?

Par « bien », j’entends bien sûr un truc qui peut changer qualitativement le web, aider tout un chacun à y accéder sans trop de peine. Ne pas faire un site web pour faire du fric quoi… Et la réponse m’a fait peur.

Finalement, les derniers projets que j’ai traités en agence n’avait pas ces buts. Les clients sont souvent inconscients de cette problématique qualitative (je parle ergonomie, performance et accessibilité là) et lorsque l’on tente d’expliquer notre démarche, leur crainte n’est que de se retrouver avec une facture plus élevée, sans même envisager les retombées à moyen terme. Bref, je ne vais pas rentrer dans le détail de ces concepts.

Attention, je ne dis pas que je n’ai pas pris de plaisir à échanger avec les clients de l’agence, ni à concevoir leurs sites Web, bien au contraire, c’est toujours plaisant de voir aboutir le projet d’un client, surtout lorsque le courant passe bien ! Et puis certains sont plus sensibles que d’autres à ces problématiques, surtout lorsqu’on prend le temps de leur expliquer…

Le déclic

Ce questionnement était le début d’un petit quelque chose qui me gênait, mais tout allait très bien en agence, l’équipe d’Alsacréations a toujours été formidable !

Mais un jour la team qui développe WP Rocket et notamment Jonathan, me propose de bosser ensemble sur un projet de Thèmes WordPress. D’abord sous une forme de partenariat, la proposition s’est vite transformée en une proposition d’embauche. Les parts d’inconnue, de risques et de mystère dans les tâches qui m’ont été proposées par leur équipe ont été décisifs, et les conditions de travail vraiment intéressantes : travailler d’où je veux (ou presque), quand je veux (ou presque), mieux payé, et faire aussi qualitatif que je l’entends… Difficile de refuser. Pourtant il fallait à nouveau oser, en quittant une équipe chaleureuse.

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La leçon que j’ai retenue

Aujourd’hui, j’entame mon 5ème jour chez WP Media, et les premiers indices m’indiquent que dans ces conditions de travail on doit pouvoir faire de belles choses.

Certaines personnes ont besoin d’assurances et se complaisent dans un système qui fonctionne, même s’il finit par être connu et affiche un visage routinier. Ce n’est pas mon cas.

Bien que l’activité d’Alsacréations fusse plaisante, bien que l’équipe fisse un travail extraordinaire aussi bien techniquement que graphiquement que ergonomiquement (néologisme), il me fallait autre chose, quelques frissons, une part d’inconnue et d’inexploré.

WP Media, l’équipe qui développe le plugin WP Rocket, m’a proposé de travailler sur un projet qui me tient à cœur depuis longtemps, en finançant le projet et les risques alentour. Comment refuser de tenter l’aventure dans ces conditions ? Vous me direz, ça minimise les risques, mais pas vraiment…

J’ai osé, il le fallait, pour me sentir vivre dans un projet qui me ressemble.

Le plus difficile dans tout cela, c’est de quitter une équipe qui t’a supporté (dans tous les sens du terme) pendant 5 ans, qui t’a formé mais que tu as formé également à ton tour, qui t’a vu grandir et que tu as fait grandir. En fait le plus dur c’est de se barrer quand tout va bien ! En effet, c’est d’autant plus difficile d’expliquer ton choix à ceux que tu quittes.

Ce n’est la faute de personne

Le plus important dans ce genre de contexte, c’est de bien faire comprendre à ton entourage professionnel qu’il n’y est pour rien. Tu prends une décision de manière unilatérale (mais c’est important d’en discuter avec les gens concernés !), parfois égoïste, mais au fond, qui peut-être également dans l’intérêt de tous. C’est une décision qui peut même faire grandir l’équipe que tu quittes, et faire prendre du recul à tout le monde.

En toute transparence

Vous avez été nombreux sur Twitter, en public ou en DM, à me demander quelle était la suite de mon programme, mon futur salaire ou mes conditions de travail. WP Media prône la transparence complète à ce niveau, il suffit de lire leur blog. Mais je vais centraliser les informations ici, je n’ai rien à cacher.

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Mon activité

Je suis chargé d’effectuer des recherches et de les mettre en applications lors de la création de thèmes WordPress à destination de niches précises. Le but étant d’offrir des outils performants, accessibles, qualitatifs et répondant le plus possible à des besoins précis par domaine.

Le lieu

De chez moi, ou du parc du coin s’il fait beau, ou de chez mon père s’il me venait le besoin de rejoindre ma famille, ou d’ailleurs encore si je venais à déménager. Mon travail n’a plus de contrainte géographique.

La paie

La team a publié la grille de salaire de la société. Vous retrouverez facilement la ligne qui correspond à la mienne. C’est possiblement voué à évolution 🙂

Les avantages

Une équipe qui prend plaisir à créer, innover, qui cherche à améliorer l’existant ou à inventer ce qui n’existe pas encore… parmi de nombreux avantages difficilement mesurables.

Remerciements

Pour clore cet article, je tenais à remercier Raphaël Goetter et Rodolphe Rimelé d’avoir été les premiers à me faire confiance pour rejoindre leur équipe, mais également chacune des personnes qui ont enrichi l’équipe d’Alsacréations : Jennifer, Coralie, Stéphanie, Lætitia, Julie, Simon, Matthieu, Guillaume, Philippe, Maxime et Nicolas. Je vous souhaite une excellente continuation et une bonne prochaine KiwiParty. (gardez-moi une place quand même :p)

Également merci à Jonathan et Jean-Baptiste de WP Media pour leur confiance aveugle et leur folie de tous les instants.

Toi, très cher lecteur, si jamais tu as des questions, tu peux les poser dans l’espace de commentaires, j’y répondrai avec joie et transparence ! Toi aussi, tu peux oser.